Du grec hypnos qui signifie « sommeil », l’hypnose est une technique d’induction qui vise à produire un état de conscience modifié propice à la suggestion thérapeutique et à la reprogrammation (reconditionnement) des pensées, des croyances, des habitudes et des comportements.

Tout comme la Sophrologie, l’hypnose est une thérapie brève dont le but est la reprogrammation des schémas limitatifs et le retour au bien-être.

Qu’est-ce que l’hypnose ?

A l’origine, le magnétisme

La pratique de l’hypnose remonterait aux sumériens, soit plus de 6000 ans avant notre ère ainsi qu’à l’Egypte ancienne avec ses fameux temples du sommeil.

L’hypnose est apparue en Occident, à la fin du XVIIIème début XIXème siècle avec Frantz Anton Mesmer, célèbre médecin autrichien a révélé la théorie du « magnétisme animal ». Selon Mesmer, il existe un « fluide universel » magnétique et invisible dont est composé l’univers, à l’origine de l’interaction entre les humains et les forces célestes, et source de vie. Cette doctrine s’inscrit dans les grands courants métaphysiques de l’époque cherchant à expliquer le fonctionnement des êtres vivants à partir des propriétés de la Nature. Ces mouvements tout à la fois philosophiques, scientifiques comme ésotériques*, prônent l’unification des forces de la Nature.  Ainsi, le vivant serait relié au céleste, les deux se connectant ensemble par l’action du fluide magnétique d’où il résulterait une harmonie à la base de la santé et du bien-être.

* En 1776 Mesmer présente sa thèse de médecine intitulée  » De l’influence des planètes sur le corps humain » faisant une analogie entre le comportement du corps humain et le mouvement des planètes et de l’astrologie.

  • Cette théorie de « fluide universel » de Mesmer inspirera d’une certaine façon à Carl Gustav Jung sa célèbre théorie de l’inconscient collectif. Pour Jung, l’inconscient humain serait constitué non pas de pulsions, de modèles, d’affects et de fantasmes personnels comme chez Freud, mais de l’esprit des dieux et de la Nature qui communiqueraient directement avec l’homme au moyen d’un langage éminemment symbolique (archétypes). Ce système psychique serait universel, collectif et impersonnel, c’est-à-dire disponible et similaire à tous les individus, transmis depuis l’origine à chaque homme tel un savoir absolu, un « thesaurus de la mémoire de l’espèce » (Durand et Chauvin).

Selon Mesmer, si l’équilibre résultant de cette bonne alliance naturelle entre le vivant et le céleste est rompu, cela cause des perturbations pour le vivant. L’intervention du magnétiseur s’avère alors nécessaire pour rétablir une circulation saine de ces énergies subtiles. Le fluide doit être capté, canalisé par l’intermédiaire du magnétiseur pour ensuite être redistribué savamment vers le patient par le biais de « passes » précises. Le magnétiseur dénoue ainsi les énergies bloquées du corps et provoque la libération des déséquilibres possiblement à l’origine de pathologies.

Appelé encore « mesmérisme », cette pratique singulière rencontra rapidement dans le Paris prérévolutionnaire un vif succès, dans une époque férue d’explorations, d’inventions, de sciences expérimentales, qui s’émerveille par les découvertes électriques et magnétiques, et qui se veut très friande d’évènements spectaculaires autant que pouvaient l’être les étranges séances collectives mesmeriennes. Le marquis de Lafayette et Mozart ont compté parmi les plus illustres clients.

Le mesmérisme a toutefois été discrédité par la commission royale de Louis XVI faisant valoir que seuls l’imaginaire et la volonté du patient seraient à l’origine des phénomènes de guérison observés.

Le marquis de Puysegur, proche de la cour et élève de Mesmer affirma derechef que « la guérison des patients est effectuée par les patients eux-mêmes ».

L’hypnose rejoint ainsi l’effet placebo (= deuxième pilier de la suggestion comme l’a signifié plus tard Bernheim) : c’est la suggestion qui guérit le patient.

« Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum d’améliorations qu’il est possible d’obtenir. » Emile CouéLa maîtrise de soi-même par l’auto-suggestion consciente (1926)

En tout état de cause, Mesmer reste indéniablement le précurseur de toutes les méthodes thérapeutiques induisant un état modifié de conscience.

L’hypnose moderne, ou du bon usage de la suggestion

En 1843, James Braid, chirurgien écossais et père de l’hypnose moderne, théorise l’hypnose avant tout sur la base de la suggestion et de la physiologie cérébrale, se détachant du concept controversé du magnétisme de Mesmer.

« Je vous magnétise » disait Mesmer,
« Je vous hypnotise » dira Braid.

Braid a été le premier à expérimenter médicalement l’hypnose comme alternative à l’anesthésie sous éther lors d’interventions chirurgicales.

L’hypnotisme de Braid consiste en la mise en sommeil artificiel d’un sujet par induction hypnotique, avec la célèbre méthode de focalisation du regard sur un point lumineux. Dans cet état particulier de veille (qualifié aussi de « somnambulisme » ou de « sommeil lucide« ) l’hypnotiseur peut influencer le sujet par la suggestion verbale.

Les résultats curatifs de l’hypnose se montrent favorables sur les troubles nerveux tels que les paralysies, rhumatismes, maux de tête, tics, maladies de peau…

Liébault poursuit le travail d’expérimentation de Braid et utilise l’hypnose sur les femmes enceintes lors du travail et des accouchements. Liébault est aussi à l’origine de la création de « l’école de Nancy » qui intéresse Freud. L’intérêt de Freud pour l’hypnose le pousse à suivre les conférences et les expérimentations médicales du Professeur Charcot, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, notamment sur le cas de patientes hystériques.

 

Le moi n’est pas maître dans sa propre maison. FREUD

 

  • C’est à cette occasion que Freud a mis en lumière la corrélation entre conflit psychique et somatisation. Il en déduira les concepts d’inconscient, de refoulement et de transfert, les trois piliers fondamentaux de l’émergence du concept de la psychanalyse.

Freud rencontrera Bernheim en 1889 et traduira son livre sur la suggestion. Pour Berheim, il n’est pas nécessaire de provoquer un sommeil artificiel chez le sujet pour parvenir aux mêmes résultats.  Il affirme que « les phénomènes de suggestion ne sont pas fonction d’un état magnétique (Mesmer), ni d’un état hypnotique (Braid), ni d’un sommeil provoqué (Liébault) » mais peut être actionné à l’état de veille, ce qu’il nomme « la suggestibilité » .

La suggestibilité est la capacité du cerveau à recevoir des idées et sa tendance à vouloir les réaliser, c’est-à-dire à les manifester dans le réel.

Il s’agit du processus biologique dont procède toute croyance : une suggestion qui a trouvé adhésion dans le cerveau grâce à sa plasticité neuronale, et la manière dont celui-ci cherche à la manifester dans le réel au travers d’actes ou de phénomènes coïncidants, qui viendront à leur tour renforcer la croyance créée.

 

Conclusion :

L’hypnose a considérablement influencé et révolutionné le monde de la psychologie moderne en ayant permis la découverte d’avancées majeures, particulièrement l’existence de l’inconscient.

  • Que cela soit Freud avec l’inconscient psychique individuel, ou que cela soit Jung dans la dimension de l’inconscient collectif, la notion d’inconscient a déterminé et influencé profondément la psychologie moderne.

 

  • L’hypnose a révélé aussi le concept de Transfert, théorie psychanalytique freudienne fondamentale clé de la « guérison ».

Charcot avait constaté lors de ses expériences avec les hystériques (appelées aussi « simulatrices ») que celles-ci souffraient d’un état d’extase inconscient mais manifeste au travers de symptômes douloureux et gênants. Placées sous hypnose, dès lors qu’elles répondaient aux injonctions de l’hypnotiseur, on observait une disparition complète de leurs symptômes hystériques comme la paralysie, l’un des exemples les plus spectaculaires. 
Durant ces expérimentations hypnotiques, Freud a découvert que la guérison se jouait essentiellement dans la relation transférentielle entre la patiente (hypnotisée) et le thérapeute (l’hypnotiseur).  Il observa que dans la phase de « somnambulisme » hypnotique, la patiente entre dans un processus éminemment régressif : sans contrôle, dans une crédulité et une soumission qui permet sa manipulation via la suggestion de l’hypnotiseur prenant le rôle d’une figure toute-puissante, elle s’exécute aussi docilement que pourrait le faire un enfant qui aime et craint son parent, obéissant à cette nouvelle autorité comme s’il s’agissait de l’originale.  Cette découverte majeure du lien transférentiel qui existe en hypnose est caractéristique de la voie de la psychanalyse qui préféra privilégier à la suggestion de l’hypnotiseur, la parole de l’analysé.  

  • Les recherches sur l’hypnose ont aussi permis à Ivan Pavlov fin 19ème en Russie, de découvrir le concept de « Conditionnement classique » à la base de tout apprentissage. De cette théorie est née la psychologie comportementale-iste destinée à modifier les conditionnements appris/acquis lorsqu’ils sont sources de souffrances.

 

  • Les T.C.C., Techniques comportementales et cognitives, développées dans le même sillage que les travaux de Pavlov, en sont une déclinaison. Les TCC sont particulièrement adaptées dans la prise en charge thérapeutique des phobies pour remplacer les mécanismes automatiques inadaptés par de nouveaux conditionnements plus efficaces.

 

L’hypnose ericksonienne

Aux Etats-Unis, Milton Erickson au 20ème siècle a fait évolué la pratique de l’hypnose, dans une version plus « soft » qu’à ses débuts, en inventant l’hypnose ericksonienne.

Il s’agit de la forme d’hypnose la plus pratiquée aujourd’hui, basée sur un état de rêverie mais aussi sur la coopération active du sujet qui devient librement et de façon plus autonome l’acteur de sa propre transformation intérieure.

 

L’auto-suggestion, ou « la méthode Coué »

L’auto-suggestion a été élaborée au début du XXème siècle par Emile Coué passionné par l’hypnose. Pour Coué, l’individu possède les capacités d’influencer lui-même directement son être inconscient pour améliorer son état physique et moral.

L’auto-suggestion est une forme d’hypnose pratiquée sur soi-même (auto-hypnose) qui agit comme un reconditionnement de la pensée grâce à la répétition continue d’affirmations positives.  Le but est d’influencer favorablement l’imagination (et non la volonté) du sujet de manière à remodeler directement son inconscient.

L’auto-suggestion s’est principalement développée dans les milieux protestants aux Etats-Unis puis s’est ensuite prolongée dans  les années 50 par le développement de la « pensée positive » qui a constitué l’un des courants majeurs du New-Age.